Auguste Forel


«Chacun de nous n'est au fonds rien qu'un anneau d'une chaîne infinie de générations. Dans sa personnalité, c'est-à-dire dans la somme de ses qualités, ce reflètent les traits de ses ancêtres en variations infinies, selon la manière dont il aura développé les dispositions héritées.»

C'est par ces mots qu' Auguste Forel commence ses "Mémoires" écrits de la main gauche après une attaque d'apoplexie suivie d'hémiplégie. Contre l'avis du spécialiste appelé, il précisa la localisation - l'autopsie lui donna raison.
Né le premier septembre 1848 à "La Gracieuse", près de Morges, A. Forel était le fils aîné de son père, Victor. gentilhomme et sa mère Pauline, née Morin, une méridionale dont Auguste hérita le tempérament exubérant et combatif si peu vaudois. A Forel admirait sa mère, loyale, consciencieuse et intelligente, à ses yeux trop huguenote, repliée sur elle même, mais esprit critique et très musicienne. Dans ses "Mémoires" A Forel rend un hommage émouvant aux qualités morales de sa mère.
Le grand père d'A. Forel colonel, directeur de l'arsenal de Morges, faisait partie du groupe des libéraux conservateurs, renversés par les radicaux en 1845. II faisait partie de l' "Eglise libre", opposée à l'étatisation de l'église. Sa grand-mère maternelle, Julie de Sybourg, jadis dame d'honneur la reine des Pays-Bas, aurait sans doute préféré voir son petit-fils devenir chevalier plutôt qu'homme de science.
Soin grand père maternel, Pierre Morin, fonda la fabrique de tissus de Dieulefit (Drôme). Toute sa vie, A. Forel resta fidèle à des affinités, qui le liaient au pays de sa mère.
A l'âge de 5 ans, A. Forel accompagna son père à Nice: en voiture postale à chevaux, de Morges à Lyon, par une pluie battante de nuit... Descente du Rhône sur un des bateaux à moteur, dernier cri à l'époque, mais dont on devait faire basculer les cheminées pour pouvoir passer sous les ponts...
Un ami et parent de son père. huguenot, le comte Paul de Beausobre, prit A. Forel en sympathie et joua un rôle de premier plan. Dans son imagination il s'identifia littéralement à lui.
La mère d' A Forel redoutant les contacts des garçons de la rue de l'âge de son ainé, engagea un maître d'école, "pédant et stupide". C'est à cette époque qu'A. Forel commença à observer les escargots, guêpes et fourmis. Son grand oncle, Alexis Forel, entomologiste, prit le parti du futur myrmécologue auquel la mère refusait de collectionner des papillons.
Sa timidité pudibonde fit d' A Forel lorsqu'il entra à l'école publique, le souffre douleur de sa classe. Le problème capital restait insoluble: comment réconcilier les dogmes de l'Evangile que lui enseignait sa mère avec ses observations sur les insectes, ses A Forel études zoologiques?
A cette époque encore il était pudibond au point de refuser de se baigner en public. A l'âge où comptent surtout l'assurance, l'insolence, l'agilité et la force, il était la victime de tous les "costauds".
En 1859, donc à l'âge de onze ans, son vieil oncle Alexis Forel obtint pour lui l'autorisation de collectionner des insectes à la condition d'apprendre comment les tuer sans les faire souffrir. Plus que cela, son père lui offrit l'ouvrage de Réaumur: "Mémoire pour servir à l'histoire clos insectes", et sa grand mère lui dit: "J'ai eu autrefois un camarade danseur qui me grondait en me voyant tuer des fourmis qui se délectaient de mes confitures. Il m'a donné son ouvrage dédicacé: "Recherches sur les moteurs des fourmis indigènes", paru à Genève en 1810. C'était un exemplaire de la première édition du célèbre ouvrage de Pierre Huber. "Je n'ai pas lu, j'ai dévoré cet ouvrage", écrit t il dans ses mémoires. A. Forel a été à ce point bouleversé, qu'il se promit de devenir à son tour "historien des fourmis". C'est par cet ouvrage qu'il comprit l'esclavagisme de deux espèces, observé précédemment dans les environs de Marges. Plus que cela, il avait découvert des expéditions pour le rapt de cocons, pour détruire d'autres nids. Bref. des observations inédites qu'il publia dix ans plus tard dans son ouvrage "Les fourmis de la Suisse" ouvrage couronné par la Société hélvétique des sciences naturelles et par l'Académie française des sciences (La Chaux de Fonds, Imprimerie Coopérative).
Dans ses "Mémoires", A. Forel décrit sans autre ses problèmes de puberté, ses difficultés de mémorisation, ses démêlés avec des camarades délurés, et surtout ses conflits de conscience: son amour pour sa mère tournait au drame: il ne voulait pas la décevoir et ne pouvait accepter des dogmes de la religion. Avant de renoncer à la "confirmation", il eut un long entretien avec un autre pasteur qui fit preuve de compréhension et même le rassura.
C'est à Lausanne qu' A. Forel passa le baccalauréat. Un jour qu'il capturait des insectes, un jeune homme l'interpella: c'était Edouard Bugnion, spécialiste des termites. Les deux se lièrent d'amitié. Bugnion invita A. Forel dans sa somptueuse propriété, "L'Ermitage", lui fit connaître l'oeuvre de Gaston Mayr sur les fourmis d'Europe et, surtout, l'initia à l'oeuvre alors révolutionnaire de Charles Darwin c'est que son professeur de sciences naturelles en était resté à Cuvier, à sa théorie des catastrophes... Plus tard, Edouard Bugnion devint professeur à l'Université de Lausanne et épousa la soeur de A. Forel. II publia le chapitre final, consacré aux termites, du cinquième volume du "Monde social des fourmis".
A. Forel se rendit en compagnie d'Edouard Bugnion à Zurich, Lausanne n'ayant, à cette époque, pas de l'acuité de médecine. Élève de Heer, botaniste, paléontologue et entomologiste, il devint son ami. Il fut également l'hôte d'Eugène Rambert qui enseignait la littérature française et organisait des excursions avec les étudiants. C'est lui qui reçut plus tard A. Forel nominé directeur de l'asile des aliénés, à Zurich, au cercle romand, par cette boutade: "Après vous être voué si longtemps à des fou re mis, vous allez vous consacrer désormais aux fous à remettre".
Pendant sa dernière année d'études à Zurich. A. Forel suivait e.a. le cours de psychiatrie de Gudden dont il devint plus tard l'assistant à Munich où ce remarquable psychiatre fut trouvé noyé avec le roi Louis II de Bavière.
Lors de la guerre de 1870/71, A. Forel se fit enrôler dans un groupe médical qui se rendit à Héricourt, lors de la défaite de l'armée Bourbaki. A. Forel avait des parents à Paris, à Strasbourg et autres régions menacées, de sorte qu'il lui sembla doublement remplir un devoir en soignant des blessés, d'ailleurs dans des conditions le plus souvent lamentables.
Lorsque des internés à Morges causèrent par inadvertance l'incendie et les explosion de l'arsenal de Morges, ville dont toutes les vitres volèrent en éclats, une dame, grabataire et paralysée depuis vingt ans, prit la fuite; un oncle d', A. Forel qui était totalement sourd et lisait son journal à "La gracieuse", à trois kilomètres de Morges, leva la tête, regarda la porte et dit "Entrez!".
Pour compléter son ouvrage sur "Les Fourmis de la Suisse" qui lui valut le Prix Schläfli, A. Forel explora le Valais, puis le Tessin et finalement les vallées des Grisons.
A cette époque, A. Forel reçut de Charles Darwin une bienveillante lettre en réponse à son envoi du livre sur les fourmis de la Suisse. Un échange de lettres suivit.
Darwin demanda: Do you read english easily? et lui envoya un livre intéressant de Belt (The naturaliste in Nicaragua). A. Forel de ce jour étudia l'anglais...
Ayant appris que le plus remarquable des anatomiste du cerveau, Th. Meynert, enseignait à Vienne, A. Forel décida de d'y passer sept mois, pour y rédiger sa thèse sur la région sous-thalamique.
Après un séjour a Tubingue, chez Leydig, A. Forel se rendit à Munich, pour commencer des travaux anatomo-histologique du cerveau. A. Forel proposa de modifier le microtome géant, alors à l'étude, et ainsi réussit les premières coupes à travers le cerveau tout entier. Pour la première fois des milliers de coupes permirent de corriger de nombreuses erreurs du passé, y compris celles de Gudden, qui se laissa instruire par son assistant dans un domaine que d'ailleurs il ne connaissait guère.
Gudden confia plus tard le service des grande agités à A. Forel et comme celui ci se fit remarquer par sa vivacité, on appela bientôt son service: "Die französische Schweiz".
Gudden lui même ne faisait pas de coupes à travers le cerveau entier, et A. Forel en fil d'autant plus.
En 1877, A. Forel fut nommé privat docent à Munich, à la suite de ses publications sur l'anatomie du cerveau, notamment de la région sous thalamique. Cette même année, il fit la connaissance du fils du célèbre Edouard Steinheil, alsacien d'origine, fondateur des Usines Steinheil. directeur de l'observatoire astronomique de Munich. C'est en 1878/79 qu' A. Forel et Steinheil partirent pour les Tropiques. A St-Thomas, A. Forel fut ébloui par la végétation et la vie animale. Rentré sur le bateau, il trouva son ami alité, avec 40° de fièvre, "sans espoir", déclara le médecin du bateau. La fièvre jaune régnait...
Forel profondément affecté décida de rentrer par le prochain bateau. La dignité et le courage de la veuve l'émurent. Quelques années plus tard, il demanda sa fille en mariage.

La description des débuts de l'activité d' A. Forel à la tête de l'Hôpital psychiatrique "Burghölzli"de Zurich est la révélation d'une situation difficile à imaginer aujourd'hui: mélange de négligeances, de corruption et de népotisme que A. Forel décrit en détail dans ses mémoires. Mais il rend aussi justice au courage de son adjoint, le Dr. Laufer et a la partie saine du personnel médical.
A. Forel avait offert sa démission pour le cas où le gouvernement ne déciderait pas de placer l'économe sous les ordres du médecin directeur dont il était jusqu'ici l'égal. A la surprise d' A. Forel le gouvernement accepta cette modification, tout comme plus tard la psychiatrie, sur proposition d' A. Forel devint branche obligatoire de l'examen final pour toute la Suisse.
Grâce à son médecin adjoint, Laufer et à son premier assistant Joanès Martin, de Genève, futur professeur et fondateur de la revue "Médecine et Hygiène", A. Forel réorganisa le service médical du Burghölzli, l'hôpital et clinique psychiatrique de l'université de Zurich.
Le mariage d' A. Forel avec la fille de son ami Steinheil, mort pendant leur voyage dans les Tropiques, transforma totalement et jusqu'à sa mort la vie de l'ex pessimiste austère. Leur voyage de noces les conduisit à Belfort, Héricourt et Couterrens, lieux où A. Forel avait soigné, avec le groupe médical de Zurich, des blessés français pendant la guerre de 1870/71, où d'ailleurs ils visitèrent des parents alsaciens de la mariée tout comme plus tard, A. Forel publia la célèbre "Question sexuelle" chez l'éditeur Steinheil à Paris, frère de celui de Munich, astrologue physicien.
En mai 1885, A. Forel engagea en qualité d'assistant, le remarquable psychiatre Eugène Bleuler qu'il recommanda ensuite au gouvernement de Zurich en qualité de directeur de l'asile de la Rheinau. C'est lui qui, par la suite, succéda à A. Forel et contribua à son tour à la renommée du Burghölzli. Les deux savants se lièrent d'amitié pour la vie.
A côté de ses activités professionnelles, A. Forel continuait ses expériences sur des cobayes, notamment sur l'atrophie des nerfs acoustiques, ce qui permit entre autres de localiser le centre acoustique dans le cerveau. Il envoya cet important travail pour publication au professeur Bechterew à St. Petersbourg, qui s'empressa de répondre qu'il avait, lui aussi, fait la même découverte..! Bechterew, Mendel et Flechsig rédigeaient le "Neurologisches Zentralblatt". A. Forel se retira, déçu.
Le 1er juillet 1886, le cordonnier auquel A. Forel avait adressé avec succès plusieurs de ses patients alcooliques vint voir A. Forel qui lui dit: "C'est moi le psychiatre et c'est vous qui guérissez mes alcooliques, comment l'expliquez vous?". Le cordonnier sourit: «C"est bien simple je suis abstinent et vous ne l'êtes pas!» A. Forel fut si impressionné par cette réponse qu'il signa séance tenante une abstinence totale pour deux ans. Depuis, A. Forel ne cessa de lutter de toutes ses forces contre l'alcoolisme et contre toutes boissons fermentées et distillées qu'il considérait comme nocifs pour la santé, dangereux sur le plan social et désastreux sur le plan médico-légal. A. Forel a consacré une bonne partie de ses forces et de son temps à la lutte contre une des plaies sociales les plus dangereuses parce que enracinée dans les habitudes et les moeurs de tous les pays que ce soit la vodka ou du champagne, c'est toujours l'élément alcool qui décide de l'effet sur le comportement parce qu'il paralyse les inhibitions, par conséquent débride ce que le sens moral réprouve.
Cette année, A. Forel publia son travail sur le "sens topochimique" des fourmis, transmis par leur antennes.
Pendant ses vacances d'été, il conçut une nouvelle transmission de l'influx nerveux. On parlait encore d'anastomoses entre les cellules ganglionaires du système. A. Forel utilisa la nouvelle méthode colorimétrique de Golgi qui venait de prouver que les prolongements protoplasmiques finissaient en arborescence. Or, le même Golgi admettait des anastomoses entre terminaisons des prolongements cylindraxiles. Il fit même des dessins ad hoc.
A. Forel rédigeait une étude sur la nouvelle conception des contacts, elle même basée sur des expériences (atrophie de nerfs moteurs et sensitifs - facial et trijumeau). II l'envoya aux Archives de neurologie et de psychiatrie à Berlin. Mais cette revue ne paraissait qu'à de longs intervalles, de sorte que son travail ne parut qu'en janvier 1887. De plus, A. Forel avait omis de baptiser la nouvelle théorie! Waldeyer s'en chargea, de sorte qu'on lui attribua la théorie des neurones... Depuis, on ne parle plus de cellules ganglionnaires et d'anastomoses, mais pus que de neurones. A. Forel ignorait que le professeur His à Leipzig était arrivé à des conclusions analogues, mais son travail parut avant le sien, de sorte que la priorité lui revint! His s'était basé sur le fait que les fibres nerveuses des ganglions de la moelle partaient directement des ganglions. Les travaux de His comme ceux d' A. Forel ne furent guère remarqués. Pourtant, Ramon y Cajal les mentionne, et lorsque le professeur Waldeyer, de Berlin, la baptisa on ne parla plus que de la Théorie des neurones de Waldeyer deux ans après les travaux de His et d'A. Forel. Sic transit...
Ayant fait venir l'ouvrage remarquable du professeur Bernheim de Nancy, qui reprenait et défendait l'oeuvre de Liebault, A. Forel convainquit son ami Otto Stoll de se rendre avec lui à Nancy pour se familiariser avec les traitements par suggestion et hypnose. Après cinq jours, les deux amis rentrèrent enchantés et convaincus. Dès ce jour A. Forel l'enseigna à l'université, et grâce à des démonstrations convainquit ses auditeurs de l'importance et de l'utilité thérapeutiques de la suggestion, il donna un cours sur l'hypnotisme et la suggestion, en 1887/88, si fréquenté qu'il eut lieu dans la plus grande salle de l'Université de Zurich et qu'il fallut contrôler les entrées, les réserver aux seuls étudiants en droit et en médecine.
En 1896, après 16 années harassantes, A. Forel obtint un congé de 3 mois et accepta une invitation qui permit à son beau frère, le professeur Edouard Bugnion et à lui même de faire un voyage d'exploration en Amérique Centrale et en Colombie. La description de cette expédition vaut un roman.
Vers 1893, un ingénieur, Grohman, guéri par le travail, avait eu l'idée de fonder un institut d'ergothérapie qu'A. Forel soutint de son mieux. Le professeur Möbius et lui publièrent, en 1896, un travail sur l'ergothérapie qui, depuis' fait partie de l'arsenal thérapeutique psychiatrique.
Le départ définitif de Zurich, en 1898, fut émouvant, en raison des nombreux témoignages d'affection et de reconnaissance. Le chef du département demanda à A. Forel "Pourquoi partir, maintenant que tout va si bien?" A. Forel répondit "C'est justement ce moment qui est propice!". Le Dr. Eugène Bleuler ami du Dr. A. Forel fervent anti alcoolique, fut nommé et contribua à son tour à la renommée du Burghölzli.
A peine installé dans la propriété de son cousin, François Alphonse Forel à Chigny-sur-Morges, A. Forel entreprit une série de travaux (rédaction de la "Question sexuelle" entre autres) et de nombreux voyages: Autriche, Hongrie, Turquie, Balkans, Afrique du Nord, Amérique du Sud. De tous ces pays, il rapporta de nouvelles espèces de fourmis, en plus de celles que lui envoyaient des entomologistes de toits les pays. Partout, il donnait des conférences sur des problèmes sociaux, mais avant tout contre alcools et stupéfiants.
Lors de l'assassinat de l'impératrice Elizabeth d'Autriche, A. Forel fut chargé de l'expertise de l'assassin Luccheni qu'il qualifia d'irresponsable. Le fameux Lombroso l'avait déjà classé parmi les épileptoïdes. Levée de bouclier dans les journaux jusqu'au jour où Luccheni faillit tuer le directeur de la prison sous un prétexte futile...
En été 1899, trois mois de voyages au Canada et USA ou il retrouva entre autres le professeur Adolf Meyer, devenu le célèbre psychiatre du John Hopkins Hôpital, à Baltimore, un des promoteurs de l'hygiène mentale, peu à peu répandue dans tous les pays.
En 1906, Richard Semon envoya à A. Forel, à Ewald Hering et à Mach son remarquable ouvrage sur la Mnème (mémoire) dont A. Forel publia un excellent résumé dans son ouvrage: «Der Hypnotismus oder die Suggestion und die Psychotherapie», (septième édition parue chez Enke à Stuttgart en 1918).
Le 13 janvier 1906, A. Forel fut entendu lors du célèbre procès à Munich, intenté à la rédaction responsable (lu fameux "Simplizissimus". Il réussit à gagner le public et la presse. Le reportage du "Simplizissimus" eut un retentissement exceptionnel.
Du 21 novembre au 19 décembre 1906, A. Forel donna en Allemagne trente conférences en 28 jours, sur différents sujets.
En 1907, la Famille d'A. Forel s'installa à Yvorne sur Aigle. A partir de là, voyages en Afrique et en Amérique, toujours à la recherche de fourmis et donnant des conférences sur des sujets sociaux et sur l'anti alcoolisme, estimant plus que jamais que les boissons fermentées et distillées causent le plus grand nombre de misères sociales, familiales et individuelles. C'est au cours de cette lutte qu'il apprit à connaître la puissance du "capital alcool" celui de l'hôtellerie, des brasseries, de la viticulture: surtout celle des bistrots à tous les coins de rue, où se trame la politique locale, où l'on noie dans le verre de l'amitié les soucis individuels car l'alcool paralyse les inhibitions, d'où l'illusion du courage: il paralyse les vasoconstricteurs, d'où la sensation de chaleur alors qu'il y a déperdition – bref, une lutte de David conte Goliath. Certes, on admirait ces Bons Templiers, mais on buvait à leur santé!...
Le premier septembre 1908, à l'occasion de ses 60 ans, le "Journal für Psychologie und Neurologie" de Berlin (Oscar Vogt et Brodemann) lui consacra un numéro spécial de 435 pages in quarto. Parmi les auteurs: Bernheim de Nancy, Edouard Bugnion, Ramon y Cajal, Adolf Meyer, Oppenheimer, Santschi, Richard Semon et naturellement Oscar Vogt (chargé plus tard de l'examen du cerveau de Lénine) et tant d'autres.
Pour fêter leurs noces d'argent, les époux Forel rendirent visite à leurs amis d'Afrique du Nord, surtout en Algérie et en Tunisie.
Appelé à donner des conférences en Bulgarie, A. Forel apprécia les transformations qui s'étaient opérées en 20 ans. On lui demanda 17 conférences en Turquie, la plupart en français, mais en tout, ce furent 54 conférences qu'il donna pendant ce voyage.
Le fils aîné d' A. Forel venait de terminer ses examens de médecine à Zurich lorsqu'il fut atteint, en juillet 1910, d'une paratyphoïde. A. Forel présidait à Anvers une importante réunion, lorsqu'il reçut un télégramme exigeant son retour immédiat. A son arrivée, l'embolie pulmonaire avait fait son oeuvre. Le coup fut terrible car A. Forel voyait en son aillé un successeur partageant toutes ses idées...
En mai 1912, A. Forel commença ses préparatifs en vue d'une dernière expédition myrmécologique. Une attaque d'apoplexie annula ce projet, mais A. Forel se mit à écrire de la main gauche les 5 volumes du "Monde social des fourmis" et ses "Mémoires".
Au congrès anti alcoolique, à Milan, A. Forel entendit le médecin militaire de Belgrade, Popovitch déclarer que l'alcool et la guerre étaient les plus dangereux ennemis de l'humanité. Au délégué russe, Skarzinski, qui déclara que son pays dépensait 11 millions pour la lutte antialcoolique, A. Forel répondit publiquement: "Contre 1 milliard 600 millions que lui rapporte son monopole!". Le même Skarzinski était membre du Ministère des qui récoltait ces revenus et l'un des fondateurs du "Bureau d'études du l'alcoolisme» d'où était exclu quiconque qui était "compromis" dans la lutte contre l'alcool!
En 1915, en pleine guerre, parut: "Les Etats Unis de la Terre, contre la guerre".
Ernst Haeckel et d'antres hommes de science allemands connus avaient publié une déclaration destinée aux universités étrangères. Une circulaire annexe protestait violemment contre de prétendus mensonges méthodiques diffamant le peuple allemand et l'empire. La très ferme réponse de A. Forel parut dans le "Journal de Genève". Haeckel ne répondit pas, et comme à cette époque Alexis Forel publia plusieurs articles déplorant la destruction du joyau qu'était la cathédrale de Reims, des adversaires d' A. Forel profitèrent pour mener une campagne de dénigrement. A. Forel ne combattait pourtant que la féodalité, le militarisme agressif et les idées de grandeur des pangermanistes.
Dès le début de la guerre, des demandes affluèrent de tous les pays et incitèrent A. Forel à participer à l'important congrès de La Haye qui réunit dès mi avril des délégués de tous les pays d'Europe. Il en résulta une prise de position nette et la désignation du Comité de l' "Anti Oorlog Raad" en qualité de Centre international. André Mercier (Lausanne) et SauserHall (Neuchâtel) étaient également délégués. Hélàs, à leur retour, le président du groupe suisse, Nippold, à Berne, les reçut froidement. II .s'efforça de critiquer la déclaration de La Haye que même des juristes approuvaient. Nippold attendit le départ des partisans de la charte pour obtenir un vote dans son sens! A. Forel protesta vivement et quitta la salle... Mi décembre parurent dans la NZZ (Neue Zürcher Zeitung) des articles anonymes infamants contre le Comité central néerlandais. L'auteur fut découvert: Nippold dut quitter la présidence du "Comité pour une paix durable". Le conseiller national Scherrer Füllemann lui succéda. A. Forel rencontra à Berne le Prix Nobel Alfred Fried, rédacteur de la Friedenswarte. Les Hollandais avaient, par courtoisie désigné Berne comme prochain lieu de réunion... Les contrôles policiers à la frontière suisse empêchèrent la réunion...
En 1915 parut la brochure "Assez détruit, reconstruisons". A. Forel s'éleva contre les fanatiques des deux camps, ce qui lui valut les pires pamphlets dont, d'ailleurs, il se moquait éperdument.
Pendant et après la guerre de 1914/18, A. Forel ne cessa de lutter pour la compréhension et l'union supra nationale. II reçut de nombreux réfugiés et donna des conférences en dépit de ses parésies, de son glaucome et des troubles d'articulation.
De plus en plus conscient qu'un homme isolé a peu d'influence, A. Forel décida de s'inscrire, en juillet 1916, au Parti socialiste. En octobre de la même année, le futur ministre de l'instruction publique en URSS Anatol Lunatscharsky, grand ami de Maxim Gorki vint chez A. Forel et donna une remarquable conférence à Leysin.
A. Forel décida de consacrer les années d'après guerre à son oeuvre magistrale: "Le monde social des fourmis" en 5 volumes avec, pour terminer, un chapitre sur les termites, par E. Bugnion.
A. Forel termina ses mémoires sur le thème qu'il avait défendu tout au long de sa vie: "labor improbus omnia vincit" et sur sa prophétie: "Le socialisme sera moral ou il ne sera pas".
D'A. Forel l'histoire retiendra qu'il fut un scientifique éminent en anatomie du cerveau et en neuro psychiatrie, en hygiène et prophylaxie mentale et sociale, notamment par sa lutte contre tout ce qui nuit à la santé, avant tout l'alcool; celui ci affecte en plus de l'individu, la famille et la société derrière le masque de jovialité, en réalité de trivialité.
Roulant un jour en direction d'Aigle, le fils d'A. Forel ramassa un vieux paysan. Désignant la "Fourmilière", il lui demanda qui habitait là. "Ah! Vous ne connaissez pas le Dr. A. Forel? Un grand savant, que je vous dis, pas en bons termes avec Notre Seigneur mais quel saint homme!" Vox populi, vox dei.

Oscar Forel (St Prex) - Médecine et Hygiène, 14. 6. 1978


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